Depuis le Moyen-âge, le pays a porté le nom de Pont de Sorgues. Le territoire de Pont de Sorgues passa des comtes de Toulouse au roi de France, puis annexé aux Domaines Pontificaux. Lieu de passage vers Avignon, la ville eut à souffrir des guerres de religion, des affrontements avec la royauté et de la Révolution française. Autonome, elle s’administrait avec ses consuls et conseillers élus. Bon nombre d’événements historiques eurent pour cadre le territoire de Pont de Sorgues : aussi bien y passèrent les Romains, puis les Barbares. Princes, rois et papes ont traversés Sorgues, tout comme Napoléon 1er.
La population de Pont de Sorgues de 950 personnes vers 1600, avant la peste de 1641 qui fit 161 victimes, passa à 1500 à la révolution, à 2220 au début du 19e siècle, puis s’éleva jusqu’à 5000 habitants avec la culture de la garance. Au recensement de 1968, avec le développement industriel, elle était de 13661, et ne cesse de s’accroître. En 2024, on dépasse 19300 habitants.
Les inondations ne furent pas meurtrières mais destructives : en 1600, deux arches du Pont furent emportées. Celles de1674 furent très violentes. En 1856 fut tracé, à l’extérieur de l’église, le niveau à 1,875 m du sol. En 1936 l’eau des inondations pénétra dans le tabernacle. En 1951 le vicaire, l’abbé Maurice VALLIER rentre en bateau dans l’église pour récupérer le Saint Sacrement qui était menacé de prendre les eaux dans le tabernacle. En 1959 la station de pompage a été construite au Pontillac sur le canal de la Sorgue pour empêcher l’Ouvèze d’inonder le vieux Sorgues Il n’y a plus eu d’inondation dans le village jusqu’aux pluies torrentielles du 22/9/1992 où il y a eu 0,60 m d’eau dans l’église. Depuis, l ’Ouvèze a été recalibrée, mais début décembre 2003 le Rhône étant très haut, l’eau est encore rentrée dans l’église. Là, il s’agit de négligence ; s’il y avait eu régulièrement des manœuvres à la station de pompage et que toutes les vannes des ouvrages sur l ’Ouvèze eurent été vérifiées et graissées, il n’y aurait pas eu d’inondation.
Saint Sixte a toujours été le patron du pays. On faisait chaque année une neuvaine et, s’agissait-il d’obtenir une grâce, une pluie, de faire cesser un fléau, on s’adressait à lui. Sa fête était jour de grande réjouissance à l’église et non dans la rue.
Quelques faits qui ont jalonnés la vie religieuse :
XIe – XIVe siècles : Fondation et influence papale
1063 : Donation de l’église de Pont de Sorgues à Cluny → Béranger, vicomte d’Avignon
1155 : Confirmation des possessions par le pape → Adrien IV, évêque Geoffroy d’Avignon
1304–1307 : Séparation des territoires de Bédarrides et Gigognan
1317 : Construction du château-résidence et embellissement du palais épiscopal → Jean XXII
1320 : L’église et le prieuré passent sous juridiction pontificale → Jean XXII
1334–1336 : Promulgation de deux bulles célèbres → Benoît XII
XVe – XVIe siècles : Transformations et agrandissements
vers 1413 : L’église devient « Saint Sauveur »
1516 : Bénédiction de l’église et des autels → Cardinal de la Rovere
1554 : Agrandissement avec 4 chapelles et une sacristie
XVIIe – XVIIIe siècles : Guerres, rénovations et reconstruction
1680 : Processions du Saint Sacrement pour réparations
1730 : Agrandissement côté nord
1766 : Fermeture de l’ancienne église → Archevêque d’Avignon
1770 : Bénédiction de la première pierre → Archevêque d’Avignon
1773 : Installation des cloches
1774 : Consécration de la nouvelle église
1775 : Réouverture des écoles et règlement scolaire
XIXe siècle : Vie religieuse et entretien
1850 : Ordination de 5 prêtres originaires de Sorgues
1889 : Restauration de la toiture
1891 : Agrandissement de la sacristie
XXe siècle : Modernisation et préservation
1906 : Entente entre percepteur et clergé pour préserver le patrimoine
1935 : Construction de la tribune pour la chorale
1942–1944 : Vols d’objets du culte par les occupants
1955–1956 : Réfection électrique, nouveaux bancs, restauration du chœur
1962–1969 : Vitraux, électrification des cloches, rénovation complète
1971–1974 : Remplacement des portes, réfection du tambour
1993 : Réfection électrique, culte transféré à Ste Cécile
XXIe siècle : Restauration et valorisation
2008–2018 : Restauration des tableaux de Sauvan
2011 : Lettre au maire pour les 250 ans de l’église
2013 : Nettoyage des voûtes, transformation du baptistère → Sébastien Ferri
2022 : Nouveau tambour vitré, bancs en chêne
En réunion le 22/5/2012 avec le curé Christian BEZOL et Jean-Marie RICHARD, en charge du patrimoine au Conseil économique de la Paroisse, le Maire Thierry LAGNEAU a indiqué que ses services allaient chiffrer ce projet. La lettre du 5/6/12 indique un montant de 1028630€ à étaler sur les budgets 2015 à 2024.
Une grande partie a été effectuée. Pour des questions budgétaires dont on ne maîtrise pas d’avance ainsi que pour événements imprévus, le chauffage par le sol et la mise au même niveau des sols, chapelles et chœur, n’a pas été réalisé dans le temps. Il faut être patient quelques mois encore pour ceci. Restera à entreprendre la mise en place des fenêtres sur les emplacements murés côté nord, la reprise des murs extérieurs de la sacristie ainsi que la restauration de la montée à la tribune pour solder ce projet. Beaucoup de travaux ont été accomplis dans cette église de 23 m de long, 19 m de large (en façade 17,50), hauteur intérieure de la voûte centrale : 14,10 m, largeur 10,40 m, profondeur du chœur 6,30 m. Cette continuité témoigne de la foi et de l’attachement de tous.
Extrait de l’homélie de Monseigneur Jean CADILHAC, évêque auxiliaire d’Avignon, pour le bicentenaire de l’église, le22/5/1974 :
« L’église de pierres est notre maison de famille. Comme toute maison, sans des hommes pour l’habiter, elle n’a plus de sens ni de raison d’être. Si tout homme a besoin d’un toit ce qui est important c’est l’homme et pas le toit. Si l’église de pierres est utile ce qui importe plus que tout, c’est l’église des hommes, l ’Eglise faite de pierres vivantes, notre communauté chrétienne. Sans elle, les murs ne servent à rien. Nous ne pouvons célébrer le bicentenaire de l’église paroissiale sans penser d’abord à l’Eglise vivante que nous sommes ensemble et en particulier à sa raison d’être. Fêter la maison de famille, c’est renouveler et fortifier en nous l’esprit de famille, retrouver ce qui nous rassemble, notre raison d’être, le sens de notre travail commun.
Comme une église de pierres mal entretenue (et ce n’est pas le cas de la vôtre), l’Eglise vivante risque parfois de se dégrader. En effet, chacun est tenté de la comprendre à sa façon, de l’utiliser selon ses besoins ou ses rêves, d’en faire un instrument de puissance ou de fausse sécurité, ou encore un moyen d’évasion devant les difficultés de la vie ou les responsabilités qu’il doit assumer. L’Eglise se dégrade chaque fois que nous voulons la faire servir à tout autre chose que ce pourquoi le Seigneur nous l’a donnée..............Pour réaliser cela, dans les temps difficiles que nous vivons, alors que bien souvent nous nous trouvons faibles, démunis, peu nombreux, soyons sûrs que l’Esprit Saint ne nous quitte pas. Il est principe de fidélité. C’est à dire que si nous le voulons il nous donne d’inventer au jour le jour les paroles et actes, les gestes, les signes qui diront la Bonne Nouvelle au monde. C’est avec cette espérance qu’il nous faut avancer dans la joie vers d’autres centenaires de notre Eglise. Amen ».
Avec l’aide de nos prêtres dont nous reconnaissons le profond dévouement, nous, fidèles de Sorgues en communion avec tous les chrétiens, avancerons dans l’espérance que l’Eglise puisse cheminer vers le tricentenaire.